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Le nu féminin dans l'art
La représentation du nu féminin à l'époque de la Grèce Antique :
la sensualité d'Aphrodite.

Aphrodite et Adonis accompagnés par Eros et une femme, v.410 avant. J-C, céramique, Paris, Musée du Louvre.
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski
Le nu masculin debout est devenu important dans la sculpture de la Grèce antique qui associe le corps masculin à la prouesse sportive et à l’excellence morale (COLLINS : « Les nus féminin dans l’art de l’Antiquité classique »).Cependant, les attitudes envers la nudité féminine étaient différentes. Le corps féminin est associé à la divinité de la procréation et de l’amour : Aphrodite. D’après le conservateur du patrimoine en charge des sculptures grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre Ludovic Laugier, dès la fin du 7ème siècle avant. J-C ou le début du 6ème siècle avant. J-C, la représentation d’Aphrodite est précoce notamment en céramique. Cependant, elle est représentée avec très peu d’attribut, son nom est écrit pour que l’on la reconnaisse. C’est également le cas en sculpture.
C’est au 5ème avant. J-C que son iconographie se forme dans le domaine de la sculpture. L’évolution de la représentation grecque est un topos de l’histoire de l’art grec. D'après Ludovic Laugier, au départ c'est le type de l’Aphrodite Sosandra qui est représentée : c'est celle qui sauve les hommes. C’est une Aphrodite sobrement drapé dans un manteau qui la cache beaucoup. Puis, par la suite c’est l’histoire d’un dévoilement avec l’Aphrodite Génitrix, c’est-à-dire une Vénus vêtue d’un drap mouillé qui révèle plus que ne cache le corps. Il épouse toutes les formes de la déesse. Dès la fin du 5ème siècle avant. J-C c’est une Aphrodite plus sensuelle qui apparaît.

Copie romaine du IIème siècle après. J-C d'après une statue grecque de Calamis du Vème siècle avant. J-C, Tête de femme voilée du type de l'Aphrodite Sosandra, marbre, Paris, Musée du Louvre.
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

Copie romaine du IIème siècle après. J-C d'après une statue grecque de Callimaque du Vème siècle avant. J-C, Aphrodite dite type Vénus Génitrix, marbre, Paris, Musée du Louvre.
© RMN- Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

Copie romaine d'après une statue grecque de Timotheos du IVème siècle avant. J-C, Léda et le Cygne, marbre, Madrid, Musée du Prado.
© 2021 Museo Nacional del Prado
Il n'y a pas que les représentations d'Aphrodite que l'on représente nues voire dévêtues. En effet, on observe au début du 4ème siècle avant. J-C à l'époque hellénistique une représentation de la reine Léda, amante de Zeus et mère des Dioscures Castor et Pollux.
Elle est représentée presque entièrement nue en 360 avant. J-C. Elle tient un léger drapé, accompagnée de Zeus sous la forme d'un cygne. Elle est représentée avec le topos du drap mouillé faisant écho à la Vénus Génitrix du sculpteur Callimaque du 5ème siècle avant. J-C. Le nu féminin est alors également représenté avec un drap mais qui en réalité dévoile ses attributs plus qu'il ne les cache. Ce topos est accentué par le bras levé de la déesse qui dévoile son corps. Ce nu féminin représente ainsi la sensualité de la déesse.


Copie romaine du IIème après. J-C d'après une statue grecque de Praxitèle du IVème siècle avant. J-C, Torse du type de "l'Aphrodite de Cnide", marbre, Paris, Musée du Louvre.
© 2006 Musée du Louvre / Daniel Lebée/Carine Deambrosis
Les historiens de l’art modernes reconstituent l’iconographie d’Aphrodite comme cela : le type de la Vénus d’Arles un peu dévêtu, puis une Aphrodite entièrement dévêtue : l’Aphrodite de Cnide. Ainsi, Ludovic Laugier précise que :
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« Peut-être que vers la fin de l’époque hellénistique certaines représentations d’Aphrodite deviennent prétexte à représenter un nu féminin. »
L’attribut principal de la déesse de l’amour et de la fécondité c’est son corps, ses attributs sexuels. Un des premiers demi-nu que nous connaissons est au Louvre. C’est une copie romaine de la première moitié du 4ème avant J-C. L’Aphrodite de Cnide est très présente au Louvre, parce que cette Aphrodite est le premier nu féminin de l’art occidental en sculpture sûrement crée vers 340 avant. J.C par le sculpteur grec Praxitèle qui est l’un des plus célèbres sculpteur grec. C’est une statue en marbre peinte que l’on peut regarder sous tous les angles afin de pouvoir regarder ses seins et ses fesses.
Ainsi, Praxitèle sculpte une Aphrodite nue, connue sous le nom de Aphrodite Cnidienne, qui instaure une nouvelle tradition esthétique pour la forme féminine. Contrairement aux formes exagérées des figurines de fécondité du Moyen-Orient, l’Aphrodite Cnidienne a été créée à l’aide de proportions idéalisées basées sur des ratios mathématiques (COLLINS : « Les nus féminin dans l’art de l’Antiquité classique »).


Statue assyrienne d'une femme nue qui peut représenter Ishtar dans son rôle de déesse de l'amour, XIème siècle avant. J-C, Assyrie, calcaire, Londres, British Museum.
© The Trustees of the British Museum

Copie grecque du IIème siècle avant. J-C d'après une statue grecque de Praxitèle du IVème siècle avant. J-C, Tête féminine du type de l'Aphrodite de Cnide" dite "Tête Kaufmann", marbre, Paris, Musée du Louvre.
© 2005 Musée du Louvre / Daniel Lebée/Carine Deambrosis
Ainsi, d’après l’écrivain italien, historien de l’art et critique littéraire Mario Praz (1896-1982) dans son article "Nu" :
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« Chez les Grecs, le culte de la nudité totale était une conséquence de leur sens de la perfection humaine, et possédait donc un aspect éthique, non seulement physique : leur profonde conscience de ce qui était implicite dans la beauté physique leur fit éviter la sensualité et l'esthétisme. Cette fusion du physique et du psychique leur permit de donner une forme humaine à des idées abstraites. »
Le paroxysme du nu féminin à l'époque hellénistique est la Vénus de Milo. Il pourrait s’agir d’une œuvre du Praxitèle inventeur de la Vénus d’Arles avec les mêmes cheveux ondulés, le regard doux à la paupière estompée ; une marque de fabrique de Praxitèle. La sensualité des aisselles à droite et des seins ainsi que le vallonnement du ventre de la Vénus de Milo est caractéristique d'un corps féminin propre à l'idéal grec.


Aphrodite dite "Vénus de Milo", IIème siècle avant. J-C, marbre, Paris, Musée du Louvre.
© 2020 YouTube / Scribe Accroupi
"[Louvre] Aphrodite, mythe de la Grèce Antique".
Copie romaine de la fin du Ier siècle avant. J-C d'après une statue grecque de Praxitèle du IVème siècle avant. J-C, Vénus d'Arles, marbre, Paris, Musée du Louvre.
© 2020 YouTube / Scribe Accroupi
"[Louvre] Aphrodite, mythe de la Grèce Antique".
La représentation du nu et plus particulièrement du nu féminin est non seulement une représentation esthétique mais également éthique. Les Grecs veulent montrer la perfection de la déesse de l’amour et de la fécondité. Ainsi, le nu féminin est représenté de manière sensuelle en reprenant les canons esthétiques de l'époque hellénistique. C’est avant tout une représentation d’un idéal, symbole d’une perfection humaine pour honorer la déesse.
Sources :
- COLLINS, Neil, "Les nus féminins dans l'art de l'Antiquité classique", In Gallerix, [en ligne], https://fr.gallerix.ru/pedia/genres--female-nudes-art-history/, Consulté le 26 mars 2021.
- Musée du Louvre, "Un idéal de beauté grecque", In Le Louvre, [en ligne], https://www.louvre.fr/decouvrir/le-palais/un-ideal-de-beaute-grecque, Consulté le 3 avril 2021.
- PRAZ, Mario, "Nu", In Encyclopædia Universalis, [en ligne], http://www.universalis-edu.com.ezpaarse.univ-paris1.fr/encyclopedie/nu/, Consulté le 24 mars 2021.
- Scribe Accroupi, "[Louvre] Aphrodite, mythe de la Grèce Antique", In YouTube, [en ligne], mis en ligne le 21 décembre 2020, https://www.youtube.com/watch?v=xrVn0M1NTM4, Consulté le 24 mars 2021.